Frédérick, Hélène

La poupée de Kokoschka

Paris - 2010

Ed.: Verticales

Genre littéraire: Roman

Forme artistique principale: Peinture

Sujet: Dialogue entre Oskar Kokoschka et Hermine Moos, la costumière à qui le peintre demande de fabriquer une poupée à l'imahe de la femme aimée, Alma Mahler.

Synthèse: La Poupée de Kokoschka   Hélène Frédérick se livre à une fable fascinante sur le fantasme et la création artistique. Déçu, forcément déçu, le peintre Oskar Kokoschka, lorsqu'il reçut enfin la parodie monstrueuse de son ancienne amante Alma Mahler, la poupée grandeur nature qu'il avait commandée à Hermine Moos. Le premier roman d'Hélène Frédérick en revanche, qui s'inspire de cette singulière anecdote historique, et revisite le mythe et les avatars de la femme modelée, muselée - depuis la Galatée de Pygmalion jusqu'aux inavouables poupées gonflables en passant par la poupée mécanique d'Hofmannsthal - est une véritable réussite. L'auteur tente de capter la matière indocile et fascinante du fantasme en inventant le journal d'Hermine Moos, costumière, fabricante de marionnettes - habituellement miniatures - et à l'occasion, prostituée, qui trouve en Oskar Kokoschka un nouveau " client " exigeant et imprévisible, et consigne ses recherches et ses doutes à son cahier. Sans aucune fausse note, l'auteur nous fait entrer dans le délire bientôt partagé du fétiche et de son appropriation maladive. Le pari de ce premier roman ambitieux prend le relais du pari d'Hermine Moos : donner chair et sensualité à la folie d'un homme par-delà son obscénité, recréer pour qu'il la retrouve " sa muse, mieux encore, sa maîtresse ". Les désirs fous du maître nécessitent la réunion des matériaux les plus délicats et les plus insolites, du velours à la sueur de la costumière. La poupée, tour à tour surnommée par Hermine " Eva ", la " femme silencieuse " ou encore " femme mensonge ", devient peu à peu l'objet d'un désir double. Tandis que le " peintre K. " envoie des toiles, des croquis et des indications sur les mensurations d'Alma Mahler, et enjoint à Hermine Moos de s'inspirer de Rubens, celle-ci abandonne ses autres travaux pour se consacrer à la recréation d'une femme, depuis les traits du visage jusqu'aux os pelviens. Tandis que le peintre donne des esquisses contradictoires, la marionnettiste lui envoie en morceaux sa créature, pour qu'il juge sur pièce. Nourrie de la correspondance réelle entre le peintre et Hermine, la narration tisse en filigrane un pas de deux envoûtant. Blason de la création, plus encore que du corps de la femme aimée, la poupée devient une métaphore de l'irreprésentable, tandis qu'Hermine s'insurge : " Qui donc est l'absente de cette histoire ? Le vide en son centre ? Moi, Hermine Moos. Je suis le pivot dont personne ne parle. Je suis la seule à manipuler l'absence, à devoir en faire quelque chose, à devoir la façonner pour ressusciter ce qui ne peut plus être vivant, faute de l'avoir jamais été. "

Revue source de la référence: Le Matricule des anges, 110, 2010

Liens

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